Tome 3 – Chapitre II

En mémoire des consciences anciennes

Scène 1

– Sadjinņ fait découvrir le couloir souterrain du Yucatuan –

   Retournant à l’entrée des racines des deux grands acajous, alors que Sadjinņ écartait les branches des buissons pour qu’elle puisse s’y enfiler, il portait son attention derrière lui comme s’il regardait dans le vide, émettant un sérieux doute sur la circonstance, de cette curiosité qui était bien explicite sur son visage.
Tandis qu’ils pénétraient dans le tunnel végétal, ils commencèrent à ressentir des effets étranges du déplacement sur ce sol qui était parfaitement régulier, comme à la normale. Amîha se voyait être stimulée dans ses énergies au moment où l’effet de lévitation parcourut leurs corps.
Amîha « Wouuaaaah ! c’est super ! Vous-vous souvenez professeur, lorsque nous étions sous le Machu Picchu, j’avais eu naturellement ce genre de phénomène sans même moi-même l’avoir exercé volontairement. ».
Sadjinņ « Oui, ooh que oui que je m’en souviens ! ».
- « Figurez-vous que ça me fait quasiment la même sensation ici. C’est amusant. ». Elle regardait ses pieds. « À la différence que je ressens comme des petits picotements dans les pieds et dans le bas des jambes. Mais ce n’est pas désagréable, ça chatouille presque. ».
Sadjinņ souriait en l’observant dans ses expressions.
- « En effet, je ne m’étais pas intéressé aux sensations les autres fois, porté que je devais l’être par l’intrigue de tout ceci. Une potentielle déstabilisation peut-être. ».
- « Mais, professeur, c’est primordial voyons, vous devriez être en relation directe avec les manifestations qui se déroulent dans votre corps, c’est votre temple. ».
- « Oh ! Mais oui, tu as tout à fait raison jeune fille. J’ai un peu perdu cette connexion, en effet. Tu es remplie de sagesse. ».
- « Oh non pas forcément, hihihi ! C’est surtout mon patrite* qui m’a appris à respecter ces valeurs. ».
- « Ce devait être une belle personne. ».
- « Une excellente même ! », fit-elle avec un visage radieux, « Et il doit encore l’être. ».

* Patrite - le père sur ce monde.

Ils évoluaient doucement dans les couloirs de ce monde souterrain, emportés par cette petite brise qui, souvent, sert de guide d’orientation, telle que Sadjinņ l’avait ressentie la fois de sa toute première venue.
Ne sachant pas vraiment où aller, Sadjinņ comptait sur la qualité innée d’Amîha pour trouver la voie.
Sadjinņ « Tu sais, je ne sais pas trop où on se dirige là. Je ne suis venu ici qu’à deux reprises, et c’est un vrai labyrinthe. La dernière fois, nous avions eu bien des difficultés avec mon groupe à en ressortir. ».
- « Nous verrons bien professeur. Comme vous l’avez si bien dit, ce sont ces Êtres qui viennent à nous, et non nous qui pouvons les trouver, semble-t-il. ».
- « Oui c’est exact ! ».
- « Alors avançons simplement dans ce décor, certes pas très enchanteur, et nous finirons bien par avoir un signe. ».
Il acquiesça, tandis qu’ils continuaient à déambuler dans ces espaces cloisonnés.

Cela faisait déjà bien longtemps qu’ils parcouraient des distances incertaines, sans que rien ne se passe, à arpenter ces couloirs frais et peu encourageants.
Sadjinņ commençait à se questionner. Comment allaient-ils encore une fois pouvoir retrouver la sortie ? Sur son visage, on pouvait remarquer qu’il n’était pas si à l’aise qu’il pouvait essayer de le dissimuler.
Le temps passait, l’humidité de l’endroit commençait à les faire frémir, car ils ne s’étaient pas habillés pour pouvoir subir de grandes fraîcheurs.
Amîha frissonnait quelque peu, mais elle n’exprimait aucune plainte à cet égard.
Sadjinņ « Penses-tu qu’on va y arriver ? ».
- « Je n’en sais rien. ».
Une respiration après sa réponse, elle sentit monter en elle une certaine force, une vibration qui la ramenait aux effets de ses pouvoirs.
- { Oh ! Est-ce que je vais encore avoir des manifestations spéciales en moi ?
La circonstance était pour elle de reconnaître sa qualité, avec toutes ces choses qu’elle avait vécues, et ce fragment de mémoire qu’elle avait récolté sous Gizeh.
De ces réflexions elle comprenait que, ici, se jouait encore une influence relative à ses pouvoirs manifestes. Elle s’arrêta. Sadjinņ, soucieux de savoir où est-ce qu’ils en étaient, lui demanda la raison de sa halte.
- « As-tu quelque chose qui te vient ? ».
Étant dans l’expectative de la voir exprimer quelque chose relevant de l’extraordinaire, qui pourrait les mener à générer une situation de laquelle les gouandais leur apparaîtraient, Sadjinņ était posté dans une certaine retenue.
- « Je ne sais pas. J’ai des sensations assez particulières. Comme l’impression que me viennent à nouveau des forces qui me dépassent.
Attendez, je crois sentir une attraction qui m’attire par là-bas. », fit-elle en tendant la main, paume en avant.
Cheminant encore un peu en se laissant diriger, ils arrivèrent à une sorte de croisement, comme cela s’était déjà produit et où ils avaient juste tourné dans une voie de manière machinale. Sauf que, là, c’était ce qui animait Amîha dans ses énergies qui guidaient ses pas.
Sadjinņ avait changé d’allure. Son visage donnait l’expression d’un ravissement, toujours avec ce même regard d’enfant qu’il peut avoir dans de telles circonstances. Il la suivait avec beaucoup d’impressions. Chacun des mouvements qu’elle émettait était scrupuleusement visualisé par ce docte* très attentif.
Avançant avec une certaine assurance, elle se mit soudainement à ralentir ses pas, puis elle s’arrêta. Sadjinņ retenait son souffle. Elle laissait juste ce qui l’influençait prendre ses marques. Un moment de grand silence se fit, puis, soudainement son bras se tendit en direction de la paroi du tunnel, et sa main vint se poser dessus.
Amîha « Oh ! », un espace d’impression dans ce contact, « C’est amusant ! Je sens comme si il y avait une multitude de petites choses qui généraient chacune de légères vibrations dans ma paume. Ça me fait comme des sortes de petits bourdonnements. Tiens ! c’est pas commun comme sensation. Ça chatouillerait presque. ».
- « Et alors ? Tu penses avoir trouvé quelque chose ? ».
- « Je n’en sais rien du tout ! ».

* Expectative : Attente fondée sur des promesses, des probabilités, sur l’espoir qu’advienne une chose.
* Docte : Érudit, savant qui possède des connaissances étendues, une grande érudition.

Elle restait là, sans trop bouger, à apprécier ce moment dans les ressentis de sa peau et de l’intérieur de son corps.
Étant un peu en retrait et dans une certaine espérance, le professeur contemplait la joliesse de cette jeune femme. Elle avait l’air si pure et si sereine. Mais d’un coup, il fut surpris par un effet d’onde. C’était comme si une forte bourrasque incessante venait bousculer son corps. Il se retrouvait à être penché en avant comme pour tenir l’équilibre et tenter de supporter ce qui faisait pression sur lui.
Amîha ne bougeait pas. Elle avait bien senti ce phénomène elle aussi, mais, se dégageant d’elle-même, cela ne l’affectait pas. Elle avait fermé les yeux et se sentait être dans une profonde vacuité*. Comme pour les effets magiques manifestes sous le mont Machu Picchu, seuls ses cheveux et ses vêtements ondulaient sous l’émanation de cette énergie.
Ces petites vibrations qu’elle sentait dans la paume de sa main prenaient de l’amplitude, à un point où, ressentant une force contraire qui repoussait celle-ci, elle comprit que ceci lui faisait la même impression que lors de son ouverture d’un passage dans les tunnels fraîchement creusés par les équipes de Sadjinņ au Pérou.
De cette impression de répulsion magnétique, elle se recula un peu. Au même moment où elle effectua ce mouvement, ils aperçurent tous deux qu’il y avait un effet d’onde visualisable autour de sa main grande ouverte, comme l’effet de l’eau recevant le choc d’un corps solide.
Elle se concentra sur ce point précis, en étant en même temps dans l’émerveillement qui brillait dans ses prunelles qui s’illuminaient quelque peu.
Sa main se trouvant à quelques centimètres de la surface, l’onde augmenta, et Sadjinņ ressentait une grande réjouissance, et il ne put s’empêcher d’exprimer son ressenti.
- « Mais c’est merveilleux jeune fille ! Qu’es-tu en train de nous faire ici ? C’est extraordinaire, jamais je n’ai vu une chose pareille. ».

* Vacuité : État de ce qui est vide. Vide intellectuel, absence de valeur.

Elle ne répondait pas, restait concentrée, en adéquation avec cette volonté de rentrer en connexion avec cet ancien peuple.
Cette forme ondulatoire augmentait assez rapidement, et on pouvait remarquer que quelques débris de terre et de végétation de cette cloison naturelle virevoltaient doucement autour de ce mouvement, comme portés par le courant des eaux.
Le phénomène prit la forme d’une porte qui se présentait devant elle. Une certaine luminescence commençait à s’infiltrer en son centre, se prolongeant petit à petit sur tout le pourtour.
Amîha « Nous y sommes. ».
- « Comment ça ? ».
- « Patience professeur. ».
Elle avait senti la présence de ces Êtres, ou plutôt, l’émanation de leur grande sagesse, de ce qu’elle commençait à reconnaître dans les énergies des personnes subtiles qu’elle rencontrait.
La luminescence se transforma de manière inattendue en une vaste ouverture, et une voie de passage, un portail qui menait forcément quelque part se dessinait devant eux.
Sadjinņ se rapprocha en se penchant dans tous les sens pour essayer de voir ce qui était apparu.
Sadjinņ « Mais… …je reconnais cet endroit ! C’est le village des gouandais. En tout cas ça y ressemble. ».
- « Vous êtes certain ? ».
Elle savait très bien qu’il avait raison, qu’il avait vu juste. Mais elle préférait le laisser découvrir de lui-même.

Un Être se présenta devant le portail de l’autre côté, au même moment où Amîha s’était reculée pour laisser les interactions se mettre en œuvre ; c’était le chaman du village.
Sadjinņ prit la place d’Amîha alors qu’il se sentait être frappé de stupeur, et il se tenait en face de cette voie aux pourtours aqueux qui continuait à faire virevolter des petits débris naturels.
Le chaman se tenait devant l’ouverture avec une mine radieuse, ne présentant aucun étonnement, comme s’il attendait cette rencontre sous cet effet magique. Il souriait, et Sadjinņ montra une expression de soulagement. Enfin il avait l’occasion de revoir ce peuple mystique.
Anyouhakti, le chaman, tendit sa main en avant et ouvrit la bouche comme pour exprimer quelques mots. Puis, il s’avança et son bras vint franchir la parcelle entre leurs deux mondes.
Le professeur avança sa main également pour atteindre la sienne et, d’un geste doux et bienveillant, il l’agrippa et le tira dans leur village qui présentait des couleurs bien plus éclatantes que les coloris du monde d’Urzià.
Sans émettre aucun son, Sadjinņ fit son transfert dans ce monde dont il connaissait déjà la teneur exquise.
- « Bonjour cher Anyouhakti, je suis tellement heureux de vous revoir. J’ai tant de questions à vous poser. ».
- « Bienvenue chère Âme. Vous n’êtes pas ici pour cela. Mais vous aurez de quoi vous complaire. ».

Amîha s’infiltra à son tour dans ce plan de vie, alors qu’ils commençaient à converser comme deux bons amis.
Après avoir traversé, elle se retourna pour contempler ce portail dimensionnel. Il ne bougeait pas, restait tel quel, mais elle ne s’imaginait même pas avoir un contrôle dessus.
Pivotant pour découvrir ces espaces, elle afficha un certain émerveillement en admiration de ces habitats et de l’environnement. Chaque logis était accompagné d’ornements et de peintures très aériennes. Les couleurs ravissaient ses yeux, et elle éprouvait une grande joie en prenant conscience que son corps était plus allégé.


Fin de l'extrait. Merci de m'avoir lu. 😊
Vous pouvez laissez un commentaire de votre appréciation de cette lecture en bas de page si vous le souhaitez.

Laisser un commentaire