Tome 2 – Chapitre III
Une fenêtre de perception nouvelle
Scène 2
– Maëlys et Mignônie au festival des couleurs –

Au 21 mars de 2014, à la commémoration des anciens fondateurs, Maëlys et Mignônie avaient décidé de passer ce moment ensemble dans cette journée de festivité. Elles se retrouvèrent dans une des villes les plus festives de Cordija*, où Mignônie aimait à aller pour passer des soirées avec ses camarades. À cette occasion, Mignônie envisageait de partager avec elle ce qu’elle avait pu recevoir comme information au sujet de ce protocole qui se déroule de manière insidieuse sur leur planète.
Se promenant dans les rues de Jaiiawan*, on pouvait apprécier les multiples musiques à origines variées qui enchantaient les oreilles des passants et des spectateurs. Partout sur les trottoirs et les esplanades des personnes s’agglutinaient pour contempler les spectacles, ou danser avec la joie sur le visage et dans le cœur.
* Le continent des USA, beaucoup plus vaste, sur une autre version temporelle.
* Se prononce Jéiawan, et se trouve à la place de Jacksonville aux USA.
La magie des lumières qui parcouraient toutes les infrastructures de la grande ville étaient un ravissement pour les yeux. Leurs couleurs pastel et douces apportaient dans les esprits et dans le cœur des gens, un sentiment de bien-être et de sérénité. Tout le monde était de blanc vêtu, avec pour chacun quelques ornements qui décoraient ces tenues écarlates, donnant un reflet de la nature de l’Âme à travers la couleur du tissu ou du foulard aux tons pastel accompagnant ces ensembles. Toutes ces couleurs virevoltaient et volaient au gré du vent et des danses énergiques, que certains se complaisaient à faire, emportés par la musique qu’ils l’étaient.
Comme à son habitude et en son plaisir profond, Mignônie s’était parée d’une tenue luxuriante, une magnifique robe blanche très échancrée au devant et jusqu’au prolongement du bas du dos, et semi transparente sur les abords de son buste. Elle avait dans les cheveux un bandeau rose pastel noué sur l’arrière, qui faisait légèrement remonter sa coiffure afro, et la fin de sa robe de son prolongement touchait à peine le sol, et se voyait être accordée par un fondu du blanc au fuchsia.
Maëlys avait une tenue toute aussi élégante, plus orientée de la nature de l’exotisme des saisons printanières. Son petit bustier échancré jusque mi épaules au devant et au derrière, dont le bas ne dépassait pas le dessous de sa poitrine légèrement garnie, se finissait avec des manches longues et pochées, assez amples, voyant leur prolongement se finir en forme de v sous les paumes de mains, garnies par une large décoration de bleu pastel, qui débutait à peine plus au-dessus des coudes, dans une dégradation de tons très clairs vers le haut et au plus foncé à sa pointe de manche. Sa jupe était ceinte* par un foulard poché de la même couleur à sa taille, et la forme de sa jupe était ouverte au-dessus des genoux, et descendait sur les côtés en prolongeant les jambes du devant vers l’arrière, laissant tomber derrière elle comme de longues et fines traînes blanches et écarlates, ondulées en accordéon sur toute la longueur.
On pouvait voir ces deux merveilleuses femmes déambuler comme toutes les autres personnes avec le sourire aux lèvres.
*Ceindre : Entourer, mettre autour du corps ou de la tête.
Sur leur chemin elles n’avaient de cesse de se partager des petits chuchotements suivis de sourires ou de grands éclats de rires. On pouvait lire dans leurs yeux le plaisir qu’elles avaient à se fondre l’une dans l’autre.
L’ambiance était réussie et le niveau des musiques était élevé. Seuls le plaisir et la joie de participer à cette fête embarquait les personnes à se laisser emporter par cette soirée, qui débuta juste après que la journée de fraîcheur et de festivités ne se soit éteinte, intronisant cette commémoration, où quelques spectacles de jongleries et de funambulismes avaient agrémenté tous les espaces. Très peu de personnes parlaient ou essayaient de communiquer. Les mots dans cette soirée semblaient ne pas avoir leur place, seuls les sourires servaient de communication de la joie des uns avec les autres.
Maëlys et Mignônie n’arrêtaient pas de changer de lieu après quelques minutes, et prenaient le temps d’apprécier les différentes musiques en dansant ensemble, dans un espace nourrit d’amour partagé.
Tout le monde sentait bien que l’osmose qui s’invitait dans ces instants menait chacun vers un bien être profond.
Comme certaines fois nous pouvons avoir l’impression qu’une période vécue passe à une allure folle, qu’on a tellement l’impression que le temps passe trop vite, ici, en ces instants dans la nature radieuse de la vie, chaque Être avait un sentiment contraire. Ces moments étaient si riches, qu’ils avaient l’impressions que cela dépassait la notion du temps, comme si le courant de la vie s’était arrêté ou même figé, offrant un espace prolongé, où on pouvait apprécier profondément les moments vécus dans cette fête aux couleurs exquises.
La nuit fut longue. Au petit matin on entendait encore quelques musiques soutenues qui ne semblaient pas vouloir prendre fin, et quelques irréductibles les accompagnaient dans la danse et dans le cœur.
À l’aube de cette fin proche, au cours des six premières heures, Mignônie et Maëlys quittèrent les lieux enchanteurs et pénétrèrent dans un hôtel grand lux que Mignônie avait réservé pour elles. Remplis par la compassion de cette journée qu’elles l’étaient, elles allèrent se coucher avec la joie dans le cœur des doux instants passés.
Le moment de leur réveil se fit en milieux d’après-midi, lorsque les trompettes sonnant la fin des festivités se mirent à retentir. Le visage légèrement marqué par un sommeil un peu trop léger, elles se levèrent et sortirent sur le balcon pour accueillir le jour venu.
Mignônie « C’était vraiment exquis ! ».
Maëlys « Oh que oui ! Quelle joie de vivre des instants aussi délicats et enrichissants. ».
- « Je suis ravie d’avoir passé cette journée avec toi. D’habitude je suis avec une foule de connaissances, mais là, me retrouver juste seule avec une personne qui me ressemble beaucoup, et qui se marie bien par essence avec moi, j’ai trouvé ça encore plus agréable que toutes les fêtes que j’ai pu faire. », lui fit-elle en tournant la tête vers elle dans sa fin de phrase.
- « Ô merci Mimi, tu n’imagines même pas à quel point tes mots me touchent. », lui retourna-t-elle en la regardant avec des yeux qui pétillent.
Mignônie rebascula son regard en direction des rues avec, dans le fond de ses prunelles une forme de vide exprimant un songe singulier. Elle se retourna et se posa contre la rambarde du balcon en observant dans la chambre, puis elle s’exprima avec un ton appuyé et léger à la fois.
- « À présent que la détente se termine, il va me falloir te parler d’une chose un peu moins réjouissante. ».
- « Ah bon !? ».
- « Oui... ...mais pour le moment j’ai besoin d’une bonne douche, pas toi ? ».
- « Ô que si oui ! Mais je te laisse le premier tour. ».
- « Merci c’est gentil. ».
Elle lui fit une simple embrassade de tendresse sur la joue, et se rendit dans la salle de bain.
Après ces instants de détente dans le bain, elles se vêtirent et partirent de la chambre pour aller se rendre sur une terrasse se trouvant sur le grand port, là où personne ne se trouvait, étant donné que l’ensemble des habitants avaient rejoint le centre de la capitale pour les festivités. Là, Mignônie prit commande de deux jus de pommes instillés par un peu de lait d’amande douce, et elles prirent place sur les chaises en bois artisanales.
Avec leurs parures encore pétillantes des palettes reçues par les amusements de la soirée passée, elles scintillaient toutes deux sous les rayons du Solis* qui entamait le début de son couché, qu’elles détournaient derrière leurs lunettes cachant leurs regards malicieux.
* Nom du Soleil de cet autre monde, dans leur système solaire.
Mignônie « Eh bien ma belle, c’est quand tu veux qu’on se rejoigne plus tard pour de telles réjouissances. ».
Maëlys « Alors là c’est quand tu veux aussi. Hihi ! ».
Après un court instant de clame, Mignônie se redressa vers elle.
- « Bon, il nous faut revenir au sérieux à présent. Je suis allée à une réunion des ambassades il n’y a pas longtemps, et j’ai eu l’occasion de revoir l’ambassadeur de Saoulti*, qui est étonnement charmant. ».
* Un large pays composé des Canada Québec, du Groenland et de l'Islande. Une configuration différente à notre planète, là où il n'y aura pas eu de colonisations durant les âges.
- « Oh ! Tu veux me dire que tu as trouvé un compagnon à la mesure de ta prestance ? ».
Mignônie la regarda avec un air qui marquait qu’elle ne s’attendait pas un seul instant à une telle assimilation.
- « Euh... ...non pas du tout ! », affirma-t-elle.
Maëlys observait bien sa réaction, et voyait quoi qu’il arrive se dessiner une attirance marquée dans ses propos, et dans les émanations de ses magnéromonelles* qu’elle dégageait en parlant en l’instant de ce charmant homme.
* Ce sont les flux de communication magnétique phéromones féminine.
- « Ah bon !? », lui fit-elle en la regardant avec un air en disant long, « Vraiment ? ».
- « Oui... ...non ce n’est pas le sujet ! Restons sérieuses je te prie. Il n’y a qu’une situation d’informations importantes ici, ne nous égarons pas. ».
- « Soit. Alors je t’écoute. ».
- « Figures-toi qu’il nous a informé, à l’ambassadeur de l’Urs (Russie) et à celui de l’AU (Afrique Unie) comme à moi-même, qu’il se passait des choses inconfortables au sein de Saoulti, en rapport avec la Confédération Gaouldilapaness. Et, bien naturellement, lorsqu’il nous a donné les raisons de ses inquiétudes, j’ai de suite pensé à vous deux. Vous avez été les seules personnes, avant cet ambassadeur, à me faire me poser des questions sur la nature réellement objective du protocole des nations. De fait, la subjectivité a pris place pour estomper mon objectivité d’avant. ».
- « Ah oui !? Et que t’a-t-il dit ? ».
Elle lui exposa tous les propos que celui-ci leur avait formulé, et précisa qu’elle n’était pas très contente de se rendre compte que ces soi-disant Êtres bienveillants venus d’ailleurs, ne l’étaient pas tant que ça.
Maëlys comprenait bien le caractère déroutant qui animait les émotions de sa sœur de cœur. Elle éprouvait beaucoup de compassion en l’écoutant exprimer sa rage de cela. Après qu’elle se soit un peu calmée, elle lui exposa que tout ceci n’était qu’un grand théâtre, et que c’est pour cette raison que son patrite (père) avait formulé ces choses avec une forme ironique lors de la Conjonctio Veri*. La voyant être fortement indignée par cette forme inique*, elle lui proposa de se poser en elle, et de structurer son émotionnel dans l’impassibilité.
* La conjonction de la vérité, une congrégation rassemblant des savants et archéologues du monde entier.
* Iniquité, c'est une grande injustice.
Mignônie « Comment pourrait-on rester impassible confronté à une telle supercherie ? », lui demanda-t-elle avec un ton agacé.
- « Je connais très bien le caractère délicat d’une telle gymnastique. Mon patrite et moi avons aussi été emporté par la fureur le jour où nous avons été amenés à comprendre les malfaçons de ce qui entoure ce protocole, tous ces gens. Mais nous-nous sommes résolus à réguler notre émotionnel, en émotionnel impassible. Il y a une forme de détachement et de savoir qui engage cela. ».
- « Comment est-il possible, comment pouvez-vous vous détacher ainsi d’une telle mascarade ? ».
- « Nous te donnerons des points de repère si tu le souhaites. ».
Mignônie la regarda d’un air songeur. Tournant la tête vers la baie, observant le rivage, elle lui exprima qu’elle semblait un peu perdue avec toutes ces choses dont elle ne s’attendait guère. Puis elle reprit son récit de ce que l’ambassadeur lui avait dévoilé, et en vint à parler de la forme d’inquisition qui était organisée autour des Êtres ayant quelques dons, pouvant faire barrage à ce protocole, d’après ce qui avait été dit.
Mignônie « Tu vois le souci, tu vois à qui je pense ? ».
- « Oui c’est évident ! Il nous faut avertir sa matrice (mère). Tu saurais comment la joindre ? ».
- « Oui elle m’a laissé ses coordonnés lorsque nous avions choisis de mettre en commun nos impressions personnelles de ce qui se déroule, par rapport à notre vécu et notre statut en ce monde. ».
- « Parfait, alors je te laisse la contacter. De mon côté je ferais un retour de tout ce que tu m’as dit à p’pa (abréviation de patrite, le père). Je pense qu’il va prendre cela avec ce même caractère qui le sied*, comme tu as pu en voir la démonstration à la Conjonctio Veri. ».
* Sied, seoir, qui convient à quelqu'un ou quelque chose.
Mignônie « Oui je n’en doute pas une seconde, il va forcément asseoir ses certitudes en la matière. D’ailleurs c’est for bien, cela prouve réellement qu’il est guidé par une motivation de bon sens. Je vais voir moi de mon côté comment on peut organiser tout ce petit monde, pour pouvoir former une sorte de groupe homogène. Je veux dire, si nous sommes voués à changer le cours des choses actuelles, je pense qu’il sera préférable qu’on s’organise et qu’on favorise un dialogue transparent entre tout ce petit monde. ».
- « Ouep ! Je suis entièrement d’accord avec toi. Cela dit, il va falloir sonder avec exactitude les personnes envers qui on peut avoir confiance. Car il ne s’agit pas de parler de tout ça à la sauvette. Et encore moins des choses que nous devons préserver. Enfin, tu sais ce que je veux dire. ».
- « Oui. Je pense fondamentalement que nous avons tous un rôle important à jouer dans tout cela. Je le vois se dessiner très clairement, lorsque je vous vois vous-deux, cette petite et sa matrice, notre rencontre inattendue, et ces ambassadeurs qui cadrent de très prêt avec la pensée que je me faisais d’une réelle alliance dans ce renouveau. Tout ceci s’agence comme une scène de théâtre où tout serait déjà joué et déterminé par avance, ça en est presque effrayant. », fit-elle avec amusement en tournant son regard songeur dans le vide.
- « Je comprends bien ton sentiment. ».
La complaisance de ce grand jour de fête étant arrivée à son terme, tapissant la fin de son partage entre ces deux femmes croisant leurs mots et leurs certitudes invitant ceux-ci, elles se séparèrent dans la confiance et le sentiment d’un engagement profond.
Fin de l'extrait. Merci de m'avoir lu. 😊
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Et vive la fête en couleurs.
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